Ce dimanche soir à 21h10, France 2 propose en prime time Trois fois rien, une comédie inédite portée par Philippe Rebbot, Antoine Bertrand et Côme Levin. Derrière cette aventure improbable de marginaux devenus millionnaires se cache un regard doux-amer sur la précarité, l’amitié et les absurdités administratives. Une fable aussi drôle que touchante sur les laissés-pour-compte de la société.
Une bande de sans-abri, une grille gagnante et un grain de folie
Brindille, Casquette et La Flèche, trois compères que la vie n’a pas épargnés, partagent leur quotidien dans le bois de Vincennes. Ils survivent comme ils peuvent, entre débrouilles, entraide et rêves d’un avenir meilleur. L’inattendu survient lorsqu’ils découvrent qu’ils ont gagné au Loto. Une aubaine ? En théorie, oui. Mais en pratique, leur victoire se heurte à un mur bureaucratique aussi froid qu’inflexible. Comment récupérer des millions sans pièce d’identité, sans adresse, sans compte en banque ? Cette situation rocambolesque donne le ton d’un film qui marie humour absurde et chronique sociale, en dénonçant avec finesse les travers d’un système kafkaïen. Si le postulat rappelle parfois certaines comédies britanniques, c’est bien une identité française qui transpire à chaque scène.
Des personnages hauts en couleur incarnés par un trio irrésistible
Ce qui fait la force de Trois fois rien, c’est l’alchimie entre ses trois interprètes principaux. Philippe Rebbot, avec sa nonchalance lunaire, incarne Brindille, le philosophe du trio. Antoine Bertrand, connu pour sa bonhomie québécoise, apporte une tendresse brute à Casquette, tandis que Côme Levin injecte un brin de folie désorganisée à La Flèche. Ensemble, ils forment une fratrie de fortune attachante, drôle, parfois perdue, mais toujours digne. Leur complicité à l’écran fait mouche et offre au spectateur une galerie de personnages sincères, loin des stéréotypes. À travers leurs dialogues spontanés et leur énergie bancale, se dessine une humanité bouleversante. Le film réussit ainsi à raconter une histoire décalée sans jamais sombrer dans la caricature ou le pathos.
Une comédie qui dénonce sans donner de leçons
Derrière ses airs de fable joyeuse, Trois fois rien pose une question lourde de sens : comment reprendre pied dans une société quand on n’existe plus administrativement ? Le film ne cherche pas à répondre de manière manichéenne, mais il met en lumière un quotidien invisible : celui des sans-abri, pris dans l’étau d’une société moderne où les démarches, même les plus simples, deviennent des obstacles infranchissables sans les bons papiers. À travers l’humour et l’absurde, le récit interroge nos valeurs collectives et la place accordée aux plus vulnérables. France 2, en diffusant ce film en prime time, offre un éclairage pertinent sur une réalité que beaucoup préfèrent ignorer, tout en misant sur une approche accessible et grand public. Ce choix éditorial audacieux s’inscrit dans une ligne de programmation de plus en plus engagée et humaniste.
Avec Trois fois rien, France 2 propose une comédie sociale pleine de tendresse et de malice, centrée sur trois marginaux attachants propulsés malgré eux dans une aventure absurde. Le film séduit par son ton décalé, ses personnages hauts en couleur et sa manière de traiter un sujet grave avec une légèreté apparente, sans jamais tomber dans la mièvrerie. Une belle surprise à découvrir ce soir, qui fait rire autant qu’elle fait réfléchir sur les invisibles de notre société.
Film comédie de Nagède Loiseau (2022)
Avec : Philippe Rebbot, Antoine Bertrand, Côme Levin…
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