France 2 propose ce soir à 21h10 la diffusion inédite de La cour des miracles, une comédie grinçante et audacieuse qui jette un regard tendre mais acéré sur les fractures du système scolaire français. L’histoire se déroule à l’école Jacques Prévert, un établissement en Seine-Saint-Denis qui voit planer sur lui la menace d’un tout nouvel établissement privé flambant neuf, à l’étiquette « bobo-écolo », fraîchement débarqué dans le quartier. Une arrivée qui fait grincer bien des dents. C’est dans ce contexte que Zahia, la directrice bien décidée à sauver son école publique, se lance dans une initiative pour le moins audacieuse : la création de la première école « verte » de banlieue. Pour mener à bien ce pari un peu fou, elle fait équipe avec Marion, une institutrice fraîchement débarquée, débordante d’énergie et d’idéalisme, mais peu préparée aux réalités du terrain. Ce duo féminin improbable va devoir affronter les contradictions d’un corps enseignant aussi désorganisé que fantasque, dans une tentative désespérée de séduire de nouveaux parents… tout en ne perdant pas ceux qui sont déjà là.
Un casting haut en couleur pour une satire sociale à l’énergie contagieuse
Le film s’appuie sur une distribution solide, où se mêlent figures du cinéma, de la scène et de la musique. Rachida Brakni incarne Zahia avec autorité et humanité, tandis qu’Anaïde Rozam, en jeune prof idéaliste, apporte fraîcheur et spontanéité à cette entreprise périlleuse. Autour d’elles, une galerie de personnages incarnés par Gilbert Melki, Raphaël Quenard, Disiz, Sébastien Chassagne ou encore Mourad Boudaoud, compose une équipe pédagogique complètement déjantée mais profondément humaine. L’ensemble fonctionne comme une mécanique bien huilée de comédie chorale, entre coups de gueule et moments de grâce, où chacun des protagonistes apporte sa touche d’absurde, de tendresse ou de lucidité. À travers cette école menacée, La cour des miracles questionne avec humour les contradictions du rêve républicain, la mixité sociale à géométrie variable et les décalages entre idéaux progressistes et terrain concret.
Une comédie engagée sans jamais perdre le rire de vue
Sous ses airs de comédie populaire, La cour des miracles dissimule une critique sociale subtile mais bien réelle. Le film jongle habilement avec les clichés pour mieux les démonter : la banlieue et ses enseignants fatigués, les nouveaux arrivants pleins de bonnes intentions mais coupés des réalités locales, les tensions entre l’envie de changement et le poids des habitudes. Le récit, rythmé par des rebondissements cocasses et des dialogues percutants, repose sur une écriture vive et une mise en scène alerte. On y trouve aussi un vrai sens du collectif, chaque personnage ayant droit à sa part d’histoire, de doute, d’espoir. L’école, ici, devient le reflet d’un pays qui cherche encore à définir ce que signifie « vivre ensemble », entre utopie verte et inertie bureaucratique. Sans jamais tomber dans le misérabilisme ni l’angélisme, le film donne à voir une France métissée, chaotique, mais bien vivante.
Film comédie de Carine May et Hakim Zouhani (2022).
Avec : Rachida Brakni, Anaïde Rozam, Gilbert Melki, Disiz, Mourad Boudaoud, Raphaël Quenard, Sébastien Chassagne, Léonie Simaga, Yann Papin, Faïza Guene…
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