Ce soir à 21h10, France 2 lance en grande pompe une nouvelle saison de Fort Boyard sous-titrée Les Origines, un retour aux sources qui entend bien réveiller la mémoire collective des téléspectateurs. Le Père Fouras, plus déterminé que jamais à protéger son trésor, remonte le temps et convoque le passé glorieux du Fort pour mieux surprendre. Décors remaniés, personnages cultes ressuscités, nouvelles épreuves inspirées des classiques… Tout est fait pour que l’émission retrouve le souffle épique de ses grandes années. Et en guise d’ouverture, un moment particulièrement émouvant : un clip rend hommage à Olivier Minne, qui entame ce soir sa dernière saison à la tête du jeu. Visiblement bouleversé, l’animateur emblématique se montre digne et sincère. De quoi donner le ton d’une saison qui sent bon la transmission. Mais cette revisite historique saura-t-elle séduire les fidèles comme les néophytes ?

Un retour aux fondamentaux qui fleure bon la Madeleine de Proust

Il fallait oser. Pour cette nouvelle saison, Fort Boyard assume un virage nostalgique assumé, voire revendiqué. Finies les surcouches loufoques et les effets spéciaux criards : place à un univers plus brut, plus cohérent, presque muséal, sans pour autant renier le fun. L’idée ? Revenir à ce qui faisait le sel du Fort à ses débuts : des cellules angoissantes, des énigmes perchées, de vrais défis physiques, et une dramaturgie plus ramassée. « Ce que nous avons voulu faire avec Les Origines, c’est replonger les téléspectateurs dans l’ambiance mystérieuse et fascinante des premières saisons », explique Guillaume Ramain, producteur de l’émission chez ALP. Résultat, dès les premières images, on retrouve l’ombre imposante du Fort, la mer qui claque en contrebas, la Vigie où le Père Fouras s’isole à nouveau pour lancer ses fameuses énigmes. Une ambiance savamment orchestrée qui agit comme un baume régressif sur le public.

Un casting de célébrités bien dans ses baskets, au service d’une cause

La première équipe à se frotter aux recoins du Fort ne manque ni de panache ni de diversité. La chanteuse Shy’m, le chanteur Jérémy Frérot, la championne olympique Clarisse Agbegnenou, l’humoriste Tristan Lopin, le comique David Voinson et la surfeuse Justine Dupont forment un groupe soudé, prêt à se dépasser pour l’association Princesse Margot, qui œuvre en faveur des enfants atteints de cancer. Leurs réactions, souvent spontanées, redonnent une part d’authenticité à l’émission, loin des performances surjouées qu’on a parfois pu voir ces dernières années. « Je rêvais de faire Fort Boyard quand j’étais petite », confie Shy’m face caméra. « Et revenir dans un Fort qui ressemble à celui que je regardais à la télé enfant, c’est un vrai kiff. » Les personnalités sont à la fois investies et décontractées, et leur bonne humeur communicative rend cette première émission particulièrement fluide.

Des épreuves mythiques revisitées avec ingéniosité

Les concepteurs du jeu ont puisé dans le répertoire classique pour remodeler certaines épreuves cultes, comme L’Araignée, Le Museum ou Le Manoir, désormais plus visuelles et immersives, sans en altérer les mécaniques. Une belle réussite, en particulier pour L’Échiquier, brillante mise à jour de l’ex-cellule interactive des années 2010. La patte graphique et la mise en scène ont été soignées, avec un réel effort pour créer des environnements thématisés comme la cellule égyptienne du Museum. Mais c’est surtout du côté des nouveautés que la saison surprend : L’Atelier de réparation des poupées avec Cyril Gossbo flirte avec le grotesque sans tomber dans le ridicule, tandis que La Salle des machines ou encore L’Ascension à l’aveugle réintroduisent un vrai niveau de difficulté physique. Le jeu redevient exigeant sans devenir inaccessible.

Le grand retour des figures du Fort : entre frissons et jubilation

Mais ce qui provoquera sans doute le plus de frissons chez les fans historiques, c’est le retour du « cercle des anciens » : la fée Lumineuse, les Enfants du Fort, Jaba, La Bohémienne, ou encore La Femme coupée reviennent hanter les couloirs du Fort dans des épreuves restaurées avec soin. Ces come-back iconiques jouent sur la fibre émotionnelle des téléspectateurs qui ont grandi avec l’émission dans les années 90 et 2000. Même Felindra, discrète ces dernières saisons, retrouve une place de choix dans le rituel final, toujours aussi solennel. Olivier Minne, dont cette saison est officiellement la dernière après plus de vingt ans de loyaux services, incarne avec justesse ce passage de témoin. Moins présent à l’écran mais toujours aussi élégant, il laisse davantage de place à l’univers du Fort lui-même, véritable personnage central du récit. Et si cette saison 2025 de Fort Boyard était finalement celle de la transmission et de la mémoire ?