Entre secrets de famille, meurtres, héritage inattendu et ambiance floricole provençale, Soleil noir, nouvelle série originale française disponible sur Netflix, déploie tous les clichés du drame hexagonal avec une dose assumée de pathos et de tensions familiales. En tête d’affiche, une Isabelle Adjani qui en fait des tonnes, une Ava Baya qui tire son épingle du jeu, et un domaine de roses au bord de la ruine. La recette fonctionne-t-elle encore ?
Une intrigue à suspense… cousue de fil blanc ?
L’histoire s’ouvre sur Alba (Ava Baya), jeune mère en cavale, qui s’installe dans un luxueux domaine floricole en Provence pour échapper à un passé douloureux. Embauchée comme simple cueilleuse, elle se retrouve propulsée au cœur de la famille propriétaire du domaine lorsque le patriarche meurt dans des circonstances troubles. À peine arrivée, déjà soupçonnée. Mais l’affaire prend un virage inattendu quand elle apprend qu’elle hérite du domaine… et découvre, abasourdie, qu’elle est en réalité la fille biologique du défunt.
Cette révélation est censée être le cœur dramatique de la série, mais le twist, s’il se veut choc, arrive sans grande finesse. Le scénario déroule ensuite son lot de conflits familiaux, rancunes tenaces, vieilles blessures et luttes d’héritage, dans une ambiance à mi-chemin entre Succession version lavande et Plus belle la vie en version luxe. La narration, volontairement lente, souffre d’un manque de nuances, malgré une volonté manifeste de créer une tension constante.
Isabelle Adjani en roue libre, Ava Baya en lumière
On attendait avec curiosité le retour d’Isabelle Adjani dans une série dramatique française. On aurait aimé l’applaudir. Mais force est de constater que son personnage de matriarche hautaine et hystérique frôle la caricature. Trop grimée, trop figée, trop vociférante : Adjani semble prisonnière d’un rôle écrit comme un repoussoir.
Heureusement, la jeune Ava Baya offre un contrepoint lumineux. Son interprétation d’Alba, jeune femme abîmée mais combative, donne un souffle d’humanité à l’intrigue.
Autour d’elles, Guillaume Gouix en jardinier loyal, Thibault de Montalembert en avocat trouble et Louise Coldefy en sœur jalouse campent des personnages solides, mais trop souvent limités par des dialogues convenus.
Un divertissement imparfait, mais regardable
On ne peut nier que la série se laisse regarder. L’intrigue, bien que prévisible, maintient un rythme suffisant pour accrocher. Et si certains dialogues font lever les yeux au ciel, la tension monte progressivement, jusqu’à un final un brin expéditif, mais efficace. Il y a une certaine audace à mêler le thriller familial au monde très spécifique de la floriculture de luxe, même si l’ensemble reste plus décoratif que profondément incarné.
Soleil noir n’est pas la grande série française de l’année, mais elle a le mérite d’exister. Pour les amateurs de sagas dramatiques, elle pourra combler une soirée, à condition de ne pas trop en attendre. C’est peut-être là son paradoxe : une série pleine de promesses, trop vite fanées.
Soleil noir est une série française aux ambitions esthétiques claires mais au scénario trop balisé. Si Isabelle Adjani déçoit dans un rôle outré, Ava Baya réussit à captiver par sa justesse. L’histoire d’Alba, héritière surprise d’un domaine floricole en Provence, navigue entre drame familial et thriller rural. On y retrouve tous les ingrédients classiques d’une fiction tricolore, avec ses forces (une photographie superbe, un casting solide) et ses faiblesses (des dialogues poussifs, des rebondissements attendus). Une série à voir sans en faire un événement.