Ce mercredi à 20h55, PLANETE+ propose La liste de Varian Fry, un documentaire passionnant qui retrace l’histoire méconnue d’un homme dont le courage a sauvé près de 2 000 personnes pendant la Seconde Guerre mondiale. Journaliste américain, Fry se retrouve malgré lui plongé dans une mission périlleuse : exfiltrer intellectuels, artistes et opposants au régime nazi menacés par la collaboration de Vichy. Parmi eux, des figures aussi illustres que Marc Chagall, Hannah Arendt ou encore André Breton. Longtemps resté dans l’ombre, ce sauvetage exceptionnel mérite enfin d’être raconté à sa juste valeur.
De témoin à résistant : le parcours d’un journaliste hors normes
Avant de devenir un acteur clé du sauvetage des persécutés du régime hitlérien, Varian Fry est avant tout un journaliste. En 1935, alors en reportage à Berlin, il assiste impuissant aux premières violences antisémites orchestrées par les nazis. Il en tire une série d’articles accablants pour la presse américaine, mais son engagement ne s’arrête pas là. Profondément marqué par ces événements, il se porte volontaire pour une mission qui va bouleverser sa vie et celle de milliers d’autres : en août 1940, il arrive à Marseille avec une liste de 200 noms. Son objectif est clair : exfiltrer ces hommes et femmes vers les États-Unis avant qu’il ne soit trop tard. Mais très vite, ce qui devait être une opération ciblée devient un sauvetage d’envergure, étendu à des centaines de personnes anonymes qui affluent vers lui en quête d’un espoir.
Un réseau clandestin face à la police de Vichy
La tâche de Varian Fry est immense : trouver des faux papiers, organiser des itinéraires d’évasion, soudoyer des fonctionnaires, tout cela sous le nez de la police de Vichy, qui ne tarde pas à s’intéresser à lui. Aidé par un réseau de résistants et d’exilés, il met au point des stratagèmes audacieux pour faire passer ses protégés en Espagne, puis au Portugal, avant qu’ils ne puissent embarquer pour l’Amérique. Dans les ruelles de Marseille, son bureau devient un centre d’espoir pour ceux qui savent leur temps compté. Mais en septembre 1941, les autorités vichystes, alertées par son activisme, finissent par l’arrêter et l’expulser. Son combat s’arrête brutalement, mais son œuvre, elle, perdure à travers les vies qu’il a sauvées.
Une reconnaissance tardive pour un héros discret
À son retour aux États-Unis, Varian Fry ne reçoit ni remerciements ni honneurs. Son action, perçue comme une entorse aux règles diplomatiques, est passée sous silence. Ce n’est que bien plus tard, en 1967, qu’il commence à être reconnu pour son engagement. En 1996, il devient le premier Américain honoré à titre posthume comme Juste parmi les Nations par Yad Vashem. Aujourd’hui encore, son histoire reste méconnue du grand public, éclipsée par d’autres figures de la résistance. C’est pourquoi ce documentaire revêt une importance particulière : en donnant un visage et une voix à cet homme d’exception, il nous rappelle qu’un individu seul, armé de convictions et de courage, peut changer le destin de milliers de vies.
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Documentaire de Maud Guillaumin (2024)
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