Ce soir à 21h, Public Sénat diffuse un documentaire coup de poing intitulé Enfants influenceurs : une vie sur les réseaux. Un film nécessaire, qui explore un phénomène aussi fascinant qu’inquiétant : celui de ces enfants devenus des stars de TikTok, YouTube ou Instagram, parfois suivis par des millions d’abonnés. Derrière les vidéos mignonnes ou les tutos bien ficelés se cachent des réalités bien plus sombres. Les enfants, souvent mis en scène par leurs parents, deviennent les moteurs d’une machine à likes, à vues et à argent. Le documentaire interroge sans filtre : à quel prix construit-on une carrière numérique avant même de savoir écrire son nom ? Et surtout, qui protège ces enfants devenus malgré eux de véritables produits d’appel pour les marques ?
Parents ou managers ? Quand l’amour vire à l’exploitation
Les réalisateurs du documentaire sont allés à la rencontre de plusieurs familles, en France et ailleurs, qui ont fait le choix d’exposer leurs enfants sur les réseaux sociaux. Leur objectif : montrer les dessous d’un monde où les frontières entre amour parental et stratégie marketing sont de plus en plus floues. Dans certaines séquences glaçantes, on voit des enfants fatigués répéter encore et encore une scène pour une vidéo sponsorisée, pendant que les parents parlent chiffres, contrats et monétisation. Le film souligne à quel point la pression de la performance peut rapidement étouffer l’insouciance de l’enfance. Il n’est plus question de jouer, mais de « produire du contenu ». Un mot glaçant quand on parle de gamins de six ou huit ans. Le regard des spécialistes de l’enfance est sans appel : sans cadre légal, ces jeunes influenceurs risquent de grandir avec des séquelles profondes, entre exposition précoce, pression sociale, et perte de repères.
Une zone grise juridique aux conséquences bien réelles
Ce documentaire soulève aussi un débat de société majeur : celui de l’encadrement juridique quasi inexistant de cette nouvelle forme de travail infantile. À l’heure actuelle, un enfant influenceur ne bénéficie d’aucune protection spécifique, contrairement aux enfants acteurs ou mannequins, dont les activités sont régulées par le droit du travail. L’argent gagné — parfois considérable — n’est pas toujours sécurisé pour l’enfant, et la surexposition publique peut avoir des conséquences psychologiques désastreuses. Des juristes, des députés, mais aussi d’anciens enfants influenceurs devenus adultes, prennent la parole pour alerter sur cette dérive. Certains pays ont déjà commencé à légiférer. En France, une proposition de loi a été adoptée en 2020, mais reste encore trop méconnue et difficile à appliquer. Le documentaire pousse à la réflexion : faut-il interdire ? Réglementer ? Ou simplement sensibiliser davantage les parents ? Ce qui est certain, c’est que les réseaux sociaux ont ouvert une boîte de Pandore qu’on ne refermera pas de sitôt.
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Documentaire de Anne-Marie Avouac (2024).
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