Vendredi, Shadowz met en ligne en exclusivité Life of Belle, une œuvre en found footage qui intrigue autant qu’elle divise. Présenté comme un film familial tourné par une vraie famille, le long-métrage s’inscrit dans la tradition du genre à petit budget qui mise tout sur la tension domestique. Mais cette histoire d’une fillette disparue, inspirée d’un fait divers remontant à 2018, vaut-elle vraiment le détour ou se perd-elle dans ses longueurs ?
Une fillette, un vlog, et des vacances qui tournent mal
Au cœur de Life of Belle, il y a Belle, 8 ans, qui adore filmer sa vie et la partager sur Internet. La première demi-heure du film nous plonge dans son univers quotidien, entre scènes complices avec sa mère, jeux dans le jardin et messages mignons adressés à son père, absent pour le travail. On assiste littéralement à une chronique familiale — douce, légère, presque trop parfaite. La caméra est instable, souvent entre les mains de Belle, et cette forme de spontanéité donne au film une authenticité troublante.
Une montée en tension… au ralenti
Si Life of Belle séduit par son parti pris formel — mêler des images tournées par la jeune Belle elle-même à des captations issues du système de vidéosurveillance familial — il n’évite pas un écueil majeur : son rythme. Entre les séquences de vlog filmées par l’enfant, parfois floues ou tremblantes, et les plans fixes de surveillance, souvent silencieux, le spectateur est plongé dans une attente sourde. On attend le déclic, la scène qui fera basculer le film dans l’horreur. Mais il faut patienter jusqu’aux quinze dernières minutes pour que le récit prenne enfin un tournant brutal. C’est là, dans une succession d’images entrecoupées, paniquées, que le film révèle enfin la noirceur qu’il contenait jusque-là à l’état latent.
Mais la volonté de réalisme provoque aussi une frustration chez le spectateur, qui attend longtemps avant que l’horreur ne se matérialise réellement à l’écran. Quelques plans furtifs, une silhouette au fond du couloir, des hurlements ou pleurs… Le dernier quart du film, haletant et cauchemardesque, justifie presque à lui seul le visionnage. Mais il arrive tard. Trop tard ?
Une œuvre artisanale touchante, mais inégale
Tourné en famille, avec des moyens réduits, Life of Belle tient parfois davantage du projet personnel que du véritable film d’horreur. Et c’est sans doute ce qui en fait aussi une curiosité. Les Robinson — père, mère et enfants — ont imaginé, mis en scène et monté le film eux-mêmes, comme un jeu de rôle tragique. À l’écran, cette complicité se ressent. La petite Belle, incarnée par Syrenne Robinson, est d’une justesse bouleversante. Elle ne joue pas : elle vit, elle filme, elle s’exprime avec une sincérité désarmante.
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