Ce lundi à 21h05, France 2 dévoile une mini-série documentaire exceptionnelle : Le procès de Klaus Barbie, première pierre d’un triptyque retraçant les procès historiques de trois hommes symboles de la complicité française dans la machine nazie. Réalisée à partir d’archives judiciaires inédites restaurées par l’INA, cette production signée Dana Productions / Dana Hastier (Mediawan) offre une plongée bouleversante dans le cœur même des audiences, là où la mémoire affronte l’oubli, là où la justice tente de réparer l’irréparable. Klaus Barbie, Paul Touvier, Maurice Papon. Trois noms, trois histoires, une même tragédie : celle d’un pays confronté à ses responsabilités. Grâce à la captation audiovisuelle rendue possible par la loi Badinter de 1985, cette série remet au centre du débat public une parole restée trop longtemps enfouie : celle des victimes.
Klaus Barbie, le visage du Mal au banc des accusés
Le premier épisode se concentre sur le procès de Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo à Lyon, surnommé le « boucher de Lyon ». Arrêté en Bolivie puis extradé en 1983, Barbie est jugé à Lyon en 1987 pour crimes contre l’humanité. Ce procès est historique à plus d’un titre : c’est le premier en France à s’appuyer sur la loi Badinter autorisant la captation audiovisuelle des audiences judiciaires. Ces images d’archives, d’une intensité inouïe, sont au cœur de la série. Le spectateur devient témoin d’un moment unique où la parole des survivants, longtemps restée silencieuse, se fraie un chemin jusqu’aux oreilles d’une société qui n’a pas toujours voulu entendre. Les témoignages bouleversants de Simone Lagrange, de Lili Lévy ou encore de Michel Slitinsky résonnent comme un cri venu du passé. Face à eux, Barbie, mutique, impassible. Ce contraste insoutenable devient le théâtre d’un affrontement moral entre mémoire et déni, entre vérité et négationnisme. La mise en scène est sobre, respectueuse, mais redoutablement efficace. Le spectateur est happé, convoqué à un devoir d’écoute qui ne laisse aucune échappatoire.
Paul Touvier : l’ombre de la milice et les réseaux de l’oubli
Le deuxième volet s’attaque à un autre visage de la collaboration : Paul Touvier, ancien chef de la milice lyonnaise. Protégé pendant des décennies par des réseaux catholiques et monarchistes, Touvier réussit à échapper à la justice jusqu’en 1994. Son procès met en lumière l’implication directe de Français dans l’arrestation et l’exécution de résistants, sans intervention allemande. Il ne s’agit plus seulement d’exécuter les ordres de l’occupant : Touvier agit en toute conscience, avec zèle et cruauté. La série documentaire s’appuie sur les audiences filmées pour démontrer comment la France a parfois préféré fermer les yeux sur ses enfants les plus dévoyés. Ce n’est pas seulement un procès d’un homme, mais d’un système de protection, de silence, de complicité. Le silence de Touvier pendant les audiences, sa posture fuyante, sont confrontés à la dignité douloureuse des témoins, anciens résistants ou proches des victimes. Là encore, la captation nous donne accès à une parole vive, parfois haletante, où la mémoire retrouve sa voix dans l’espace sacré du tribunal. Et avec elle, la vérité.
Maurice Papon : un haut fonctionnaire au cœur du système
Enfin, la série aborde le cas le plus insidieux, le plus troublant : celui de Maurice Papon. Haut fonctionnaire irréprochable de la République gaullienne, préfet de police de Paris pendant les événements de 1961, Papon a su gravir tous les échelons du pouvoir. Pourtant, entre 1942 et 1944, il a signé les ordres de déportation de centaines de juifs bordelais, y compris d’enfants. Le procès Papon, tenu de 1997 à 1998, est celui d’une administration au service du pire. À travers ses images restaurées, la série met à nu l’hypocrisie d’un homme qui se croyait intouchable, protégé par son statut et le temps. Papon se défend, nie toute responsabilité, rejette la faute sur ses supérieurs ou ses subalternes. Mais les documents, les témoignages, les confrontations viennent gripper cette mécanique de défense bien huilée. La tension dramatique est immense : c’est toute la question de la banalité du mal, si chère à Hannah Arendt, qui s’invite dans la salle d’audience. Et à travers elle, la question du pardon, de la mémoire, de la justice tardive mais nécessaire.
Documentaire de Gabriel Le Bomin (2025)
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