Dès ce lundi à 21h, CANAL+ dévoile Cimetière indien, une série policière en huit épisodes conçue comme un voyage à travers le temps, les souvenirs et les blessures d’une France périphérique. Créée par Thomas Bidegain et Thibault Vanhulle, réalisée par Stéphane Demoustier (La fille au bracelet) et Farid Bentoumi (Rouge), cette création originale se distingue par une ambition rare : mêler thriller et radiographie sociale dans un décor que la fiction française explore trop peu.
Portée par Mouna Soualem, Olivier Rabourdin, Denis Eyriey, Hafsia Herzi, Idir Azougli et un casting largement local, la série jongle avec deux lignes temporelles – 1995 et aujourd’hui – pour dresser le portrait d’une ville fictive du sud-est de la France, Peranne, à la fois banale et déchirée. Au cœur du récit, une enquête sur le meurtre d’un imam dans les années 90, et une autre sur un crime similaire trente ans plus tard. Le lien entre les deux ? Une femme, Lidia Achour, jeune enquêtrice à l’époque devenue une figure montante du renseignement, confrontée aux fantômes de son passé… et à ceux du pays.
Une France oubliée, théâtre d’un passé qui ne passe pas
Peranne, c’est cette ville sans grâce apparente, à quinze kilomètres de la Méditerranée, entre zones industrielles à l’abandon, lotissements endormis et tension sociale à vif. Là où la fiction préfère souvent les clichés ensoleillés de Marseille ou le pittoresque de la Provence, Cimetière indien choisit les marges, les non-lieux, les ronds-points et les silences pesants.
La force de la série tient dans ce choix esthétique et politique assumé : filmer une France fragmentée, celle qui vit encore avec les stigmates de la guerre d’Algérie, des vagues migratoires successives, du désenchantement post-industriel. En articulant ses récits autour de la mémoire, de la culpabilité et du ressentiment, Cimetière indien sonde les strates profondes d’un pays hanté par ses non-dits.
Les deux premiers épisodes posent brillamment les bases : un style sobre mais tendu, des personnages complexes, une atmosphère travaillée dans les moindres détails. Si l’on perçoit déjà certaines tensions politiques sous-jacentes, jamais le propos ne tombe dans la démonstration. Tout passe par les regards, les silences, les lieux.
Un polar d’auteur, entre introspection et tension
Pas de course-poursuite effrénée ni de tueurs en série à la mode anglo-saxonne ici. Le suspense de Cimetière indien repose sur le lent dévoilement d’un passé trop longtemps enfoui. Le titre n’est pas anodin : les meurtres ne sont que la surface d’un cimetière symbolique, celui des promesses trahies, des rancœurs héritées, des destins brisés.
Les réalisateurs, Demoustier et Bentoumi, imposent chacun leur style sans jamais trahir l’unité du récit. L’épisode 4, pensé comme une “capsule” centrée sur de nouveaux personnages, prouve à quel point la série ose. Et quand elle s’autorise à brouiller la chronologie ou à inverser les points de vue, c’est toujours au service du sens.
La justesse des comédiens mérite aussi d’être soulignée. Mouna Soualem livre une performance sobre et émotive, tandis qu’Olivier Rabourdin incarne avec intensité un Jean Benefero hanté, déphasé, bouleversant. Hafsia Herzi, Idir Azougli ou encore Marina Dol apportent un ancrage local puissant, incarnant une parole du Sud rarement aussi bien entendue.
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Série thriller de Stéphane Demoustier et Farid Bentoumi (2025)
Créée par : Thomas Bidegain et Thibault Vanhulle
Avec : Mouna Soualem, Olivier Rabourdin, Denis Eyriey, Idir Azougli, Marina Dol, Robin Mannella, Kamel Mahjoubi, Hafsia Herzi…
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