Ce lundi soir à 21h10, France 2 propose la diffusion inédite de « Le Serpent », série glaçante inspirée de l’histoire vraie de Charles Sobhraj, tueur en série et manipulateur qui a sévi sur la « hippie trail » dans les années 70. Porté par un Tahar Rahim sidérant de froideur et une Jenna Coleman troublante, ce récit captivant, entre thriller psychologique et enquête diplomatique, s’annonce comme une plongée immersive dans l’un des plus effroyables faits divers du XXe siècle. Mais cette série parvient-elle à éviter le piège du sensationnalisme pour offrir un vrai moment de télévision ?
Une reconstitution effrayante d’un monstre en liberté
« Le Serpent » n’est pas un simple récit de tueur en série. Il s’agit avant tout d’une plongée étouffante dans la mécanique du mensonge, du crime et de la séduction. En reconstituant la cavale meurtrière de Charles Sobhraj à travers l’Asie du Sud-Est (principalement au Népal, Thaïland et l’Inde), la série montre comment cet escroc méthodique, usant de fausses identités et d’un charisme glacial, a pu éliminer un à un de jeunes touristes venus chercher paix et spiritualité. La mise en scène, élégante et précise, refuse toute complaisance dans la violence, mais ne détourne pas le regard sur l’ignominie des actes commis. Les crimes sont froids, répétitifs, presque administratifs. C’est dans cette mécanique implacable que la série trouve sa vraie tension, bien plus que dans l’action brute.
Un duo de comédiens qui porte la série à son sommet
Impossible de détourner les yeux de la performance centrale de Tahar Rahim. Son incarnation de Charles Sobhraj est maîtrisée de bout en bout, entre calme dérangeant, duplicité constante et brutalité contenue. Il ne joue pas un monstre : il incarne un homme qui refuse toute culpabilité, qui agit avec méthode et qui séduit pour mieux piéger. À ses côtés, Jenna Coleman offre une partition tout en ambiguïtés. Son personnage, Marie-Andrée Leclerc, semble osciller en permanence entre fascination, obéissance et complicité. Ensemble, ils forment un couple malsain, fascinant à observer, insupportable à approuver. Leur duo happe le spectateur dans une spirale d’horreur affective, où l’amour devient un outil au service du crime.
Un récit rythmé par l’enquête d’un diplomate obstiné
Le contrepoint moral du récit, c’est Herman Knippenberg, jeune diplomate néerlandais, dont la persévérance va faire basculer le destin de Sobhraj. Si la série prend le temps de suivre les pas du tueur, elle donne aussi une place essentielle à cette enquête minutieuse, presque amateur, menée au départ dans l’indifférence générale. C’est cet équilibre entre le mal incarné et la résistance opiniâtre qui rend l’ensemble aussi fort. La narration joue habilement sur les temporalités, alternant les crimes, les manipulations et les avancées de l’enquête. Le rythme est soutenu, tendu, sans jamais verser dans l’effet facile. La tension est psychologique, progressive, et ne relâche jamais son emprise.
Une série qui interroge, dérange et captive
« Le Serpent » réussit ce que peu de fictions inspirées de faits réels parviennent à faire : captiver sans trahir, choquer sans complaire, raconter sans justifier. L’esthétique léchée des années 70, la bande-son rétro, les décors dépaysants ne servent jamais de cache-misère. Bien au contraire, ils soulignent l’ampleur de la supercherie, le contraste entre l’image que projette Sobhraj et la réalité de ses crimes. Il y a une noirceur saisissante derrière le vernis, une horreur presque invisible mais toujours tapie. Cette capacité à mettre le spectateur face à l’ambiguïté humaine, sans donner de réponses, fait toute la force de la série. Loin d’une simple série criminelle, c’est une œuvre sur le pouvoir, l’impunité, la manipulation — et sur ceux qui s’y opposent.
L’ensemble des épisodes (8x 60 minutes environ) seront diffusés à la suite, soit jusqu’au lendemain matin, 5h environ. Les épisodes ont déjà disponibles sur france.tv, dans le cas où vous n’auriez pas la force ou le courage pour une nuit blanche.