À Saint-Août, minuscule village de 830 habitants au cœur de l’Indre, un médecin d’origine africaine est devenu, en près d’un demi-siècle, bien plus qu’un praticien : une figure incontournable, une légende locale. France 3 Pays de la Loire diffuse ce jeudi 17 avril à 22h50 Faut-y faut-y, les 4 saisons du docteur Akiyo, un documentaire profondément humain et sensible, qui retrace le parcours de Félix Akiyo, installé dans cette bourgade depuis 45 ans. D’abord perçu avec méfiance, ce médecin noir a conquis les cœurs et les consciences à la force de son dévouement, de sa bienveillance et d’un humour discret. Un film rare, à la fois tendre et nécessaire, à retrouver également sur la plateforme france.tv.
Saint-Août, 830 habitants et un homme debout
Le récit débute dans une atmosphère presque hors du temps : un petit cabinet médical au centre du village, des routes bordées de maisons en tuffeau, et au milieu, Félix Akiyo, silhouette frêle mais regard vif, sandales aux pieds, été comme hiver. À 80 ans, il continue de soigner, d’écouter, d’accompagner. Le documentaire de France 3 capte la vie au rythme des saisons et des consultations, dressant le portrait d’un homme que rien ne prédestinait à devenir le cœur battant d’un territoire rural. À son arrivée en 1979, il ne devait rester qu’un mois. La suite, c’est une histoire d’amour inattendue entre un médecin et une population, entre un homme noir venu d’ailleurs et un Berry blanc, reculé et parfois figé. Loin des clichés sur la France périphérique, ce film montre que la chaleur humaine transcende les origines.
Un accent d’ailleurs, une humanité universelle
Ce qui frappe d’abord chez le docteur Akiyo, c’est cette manière d’être au monde : calme, curieux, attentif. Son accent, vestige d’une Afrique natale qu’il n’a jamais reniée, contraste avec les intonations berrichonnes, mais cela n’a plus aucune importance. Pour ses patients, il est “le docteur”, celui qui a toujours été là, qui connaît les familles, les peines, les naissances, les morts. Ce lien presque charnel avec la communauté est le fil conducteur du documentaire. Les réalisateurs ne cherchent jamais le sensationnalisme ; ils montrent, simplement, la beauté du quotidien, la fidélité d’un homme à son serment et à ses valeurs. Et à travers lui, c’est aussi une réflexion sur la place des soignants dans les déserts médicaux, sur l’intégration, sur la mémoire collective. Une leçon de fraternité.
Le souffle discret d’une vie dédiée aux autres
“Faut-y faut-y”, l’expression populaire qui donne son titre au film, évoque ce mélange de fatalisme joyeux et d’obstination douce qui résume si bien le docteur Akiyo. On le voit rire, douter parfois, mais toujours avancer. Il n’est pas un héros flamboyant, ni un martyr de la ruralité. Il est simplement là. Sa présence, depuis 45 ans, a transformé un village. Le documentaire, sans voix off appuyée ni mise en scène artificielle, laisse la parole à ceux qu’il soigne, à ceux qu’il écoute, et au docteur lui-même, pudique et lumineux. C’est un film de gratitude, mais aussi un cri silencieux lancé à une société qui peine à maintenir le lien dans les campagnes. Il fallait ce film pour rappeler combien certaines présences comptent, silencieusement, durablement.