Ce mardi à 21h10 sur CANAL+, Guillermo Guiz livre un spectacle aussi personnel qu’hilarant avec Ozzy, capté en juillet 2024 au mythique Paradis Latin à Paris. Ce « special », comme le veut l’expression anglo-saxonne, marque un tournant dans la carrière du stand-upper belge. Connu pour son humour mordant et son regard lucide sur la société, Guiz délaisse ici les punchlines sur la précarité et les errances de jeunesse pour plonger dans un nouveau terrain de jeu : sa vie stable. Un défi osé pour un humoriste qui a longtemps puisé son inspiration dans le chaos. Avec ce nouveau spectacle, présenté comme une suite ou un préquel à son précédent one-man-show La formidable ascension sociale temporaire de G. Verstraeten, Guiz explore un paradoxe : comment continuer à faire rire quand on ne souffre plus ?
Des charentaises au Paradis Latin : un virage assumé
Installé dans une vie désormais paisible – en couple, avec un chien, une routine quasi provinciale dans le bon sens du terme – Guillermo Guiz aurait pu devenir l’homme qu’il moquait jadis. Mais Ozzy n’est ni une rédemption ni un reniement de ses fondamentaux. C’est une réinvention. Loin d’abandonner la critique sociale, Guiz l’enveloppe aujourd’hui d’une douceur, d’un recul presque affectueux, où l’autodérision prend le pas sur la dénonciation. Ce n’est plus la rage d’un trentenaire en lutte contre les injustices qui anime le micro, mais la tendresse d’un quadragénaire conscient de sa chance… et de la perte de son carburant comique d’antan. Il se moque de lui-même, de ses angoisses d’homme rangé, de ses tentatives absurdes pour rester « intéressant », et touche là une corde très contemporaine : celle de l’humoriste en paix avec lui-même, mais jamais totalement avec son métier.
Un « special » Canal+ entre confession, stand-up et manifeste générationnel
Pensé dès le départ pour être capté et diffusé sur Canal+, Ozzy ne se contente pas d’être une captation de spectacle classique. Le show, mis en scène avec une réalisation fluide et élégante, flirte avec le format confessionnel sans jamais sacrifier l’efficacité comique. Guiz y apparaît tel qu’il est : un artiste en pleine mutation, qui parle autant à ses fans de la première heure qu’à une nouvelle génération en quête d’authenticité. Les abonnés de la chaîne cryptée y trouveront un humour à la fois fin, généreux et subtilement engagé, dans la droite lignée de ce que Canal+ a toujours promu en matière de talents du stand-up. Derrière les blagues sur les couples mixtes, le vieillissement ou la mode du développement personnel, Ozzy devient un instantané sociétal, une radiographie drôle et tendre d’un homme — et d’une époque — en transition.
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Spectacle de Stéphane Bohée (2024)
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