Ce jeudi à 23h, France 3 Pays de la Loire propose un documentaire inédit qui pourrait bien résonner profondément dans les cœurs des téléspectateurs comme dans ceux des territoires frappés par la désindustrialisation. L’usine retrouvée, film produit dans le cadre de la collection Ici Pays de la Loire, retrace une trajectoire humaine et économique hors du commun : celle de la papeterie ArjoWiggins de Bessé-sur-Braye, en Sarthe, placée en liquidation judiciaire en 2019, puis ressuscitée sous une nouvelle forme. Le film s’annonce comme un récit de luttes, d’attentes et de résilience dans une commune rurale de 2000 habitants, violemment touchée par la perte de 700 emplois. Au cœur de cette histoire, la renaissance inattendue d’un site industriel autour d’une production à contre-courant — celle de gants en nitrile, désormais portés par l’usine ManiKheir — incarne une forme de réenchantement économique à l’échelle locale, entre mémoire ouvrière et futur incertain.
Quand une usine meurt, tout un village s’éteint… jusqu’à ce qu’une étincelle reparte
Le documentaire nous transporte dans une réalité brutale : celle de la disparition d’un pilier industriel. En 2019, la fermeture de la papeterie ArjoWiggins n’est pas seulement une faillite économique. C’est un séisme social, culturel et humain. À Bessé-sur-Braye, commune discrète de la Sarthe, cette usine était le poumon d’un territoire. On y travaillait de père en fils, de génération en génération. Le film donne la parole à ces anciens employés, à ces femmes et ces hommes restés sans repères du jour au lendemain. Il évoque les regards perdus, les familles déchirées, les maisons qu’on ne peut plus payer, mais aussi la solidarité de ceux qui refusent de baisser les bras. Le spectre de la désertification industrielle plane sur tout le premier acte du documentaire, en dressant un constat lucide, parfois douloureux, sur les ravages provoqués par une économie mondialisée qui oublie les campagnes.
ManiKheir, une usine qui redonne souffle à un territoire meurtri
Mais L’usine retrouvée n’est pas qu’un récit de perte. C’est aussi l’histoire, rare, d’un rebond. Avec l’arrivée inattendue de ManiKheir, entreprise spécialisée dans la fabrication de gants en nitrile, c’est tout un pan de l’avenir local qui se remet à vibrer. Le documentaire capte avec finesse les frémissements d’une renaissance industrielle. Les témoignages de salariés — parfois anciens papetiers, parfois nouveaux venus — dessinent une galerie humaine qui parle de persévérance, d’espoir et de reconversion. À travers leurs voix, c’est un quotidien qui se reconstruit, pierre par pierre, dans un contexte encore fragile. Car si l’élan est réel, il est aussi teinté d’incertitudes. Les nouvelles machines, les nouveaux gestes, les nouveaux statuts économiques bouleversent les repères. Le spectre d’une nouvelle désillusion n’est jamais loin. Le film s’attarde ainsi sur cette ambivalence : entre fierté retrouvée et prudence résignée, Bessé-sur-Braye tente d’apprivoiser cette seconde chance.
Une leçon de résilience au cœur de la France oubliée
Au final, L’usine retrouvée s’annonce comme bien plus qu’un simple documentaire industriel. Il s’agit d’un récit profondément humain, qui vient interroger notre rapport au travail, à l’identité collective, et au destin des territoires ruraux face aux logiques économiques globalisées. Le film capte une vérité trop souvent ignorée : la réindustrialisation n’est pas un slogan, mais une reconstruction lente, fragile, incertaine. Il donne à voir les visages de ceux qui en sont les premiers acteurs, dans leur complexité, leurs douleurs passées et leurs espoirs lucides. Sans pathos mais avec une grande justesse, le documentaire éclaire un moment charnière dans la vie d’une commune, entre héritage ouvrier et avenir encore en pointillé. Une œuvre utile, ancrée dans le réel, et qui rappelle que derrière chaque fermeture d’usine se cache une communauté qui ne demande qu’à revivre.
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L’usine retrouvée, diffusé ce jeudi à 23h sur France 3 Pays de la Loire, revient sur la fermeture brutale de la papeterie ArjoWiggins à Bessé-sur-Braye, puis sur l’implantation salvatrice de l’usine ManiKheir. Ce documentaire explore, avec une grande sensibilité, les conséquences humaines d’un choc économique majeur et le lent processus de reconstruction d’un tissu industriel dans une France rurale trop souvent marginalisée. À travers les témoignages de salarié.es et d’habitant.es, il donne une voix à ceux que l’actualité oublie trop souvent, tout en posant des questions cruciales sur l’avenir de nos territoires.
Documentaire de Félix Besson (2025)
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