“Nous les menteurs” sur Prime Video : une série aussi belle que creuse ?

Nous les menteurs

Nous les menteurs

Le décor est somptueux : une île privée au large de la Nouvelle-Angleterre, des villas luxueuses, des couchers de soleil à couper le souffle… et une famille aux secrets inavouables. “Nous les menteurs”, la nouvelle série disponible dès aujourd’hui sur Prime Video, promettait un drame psychologique haletant entre mensonges, tragédies et amours d’été. Mais cette adaptation du best-seller de E. Lockhart tient-elle réellement ses promesses ?

Une narration éclatée qui brouille plus qu’elle ne captive

L’histoire commence avec Cadence Sinclair Eastman, l’héritière d’un empire familial richissime. Une jeune fille apparemment parfaite, mais profondément brisée depuis un accident mystérieux survenu à l’été 2016. La série alterne entre cette fameuse saison où tout a basculé, et l’été 2017, où Cadence revient sur l’île dans l’espoir de rassembler les morceaux de sa mémoire. Ce va-et-vient incessant entre deux époques finit rapidement par lasser. Au lieu de distiller la tension ou d’aiguiser le suspense, comme si le mystère était volontairement étiré pour remplir les épisodes. On se perd dans les flashbacks, on s’agace des répétitions, et surtout, on attend désespérément que quelque chose se passe vraiment.

Des personnages aussi beaux qu’illisibles

On ne peut pas nier le soin apporté au casting. Emily Alyn Lind incarne Cadence avec une fragilité qui aurait pu toucher, si seulement l’écriture de son personnage n’était pas aussi inconsistante. À ses côtés, Caitlin Fitzgerald et Mamie Gummer campent des figures maternelles ou familiales à la fois glaciales et insaisissables, mais là encore, les motivations profondes des personnages restent désespérément floues. Tout est dans le non-dit, dans les regards appuyés, dans les silences pesants… qui deviennent au fil des épisodes, non pas des indices, mais des artifices. Les fameux “Menteurs”, le groupe d’amis de Cadence, censés être le cœur émotionnel de la série, manquent de nuances et peinent à susciter l’empathie. Leur amitié, leurs secrets, leurs douleurs : tout semble survolé. Même l’histoire d’amour avec Gat, pourtant centrale, est cousue de fil blanc — on comprend très vite où cela va, et l’attente qui précède la révélation fatigue plus qu’elle ne surprend.

Une esthétique soignée qui masque difficilement le vide scénaristique

Visuellement, “Nous les menteurs” est irréprochable. Chaque plan semble taillé pour Instagram : les baignades dans la mer scintillante, les dîners en terrasse sous les guirlandes lumineuses, les robes en lin blanc qui flottent dans le vent… Oui, tout cela est superbe. Mais cette beauté de surface devient rapidement l’écran de fumée d’un récit qui manque cruellement de rythme et d’intensité. La série préfère s’attarder sur des ralentis esthétiques et des silences “signifiants” plutôt que de développer une intrigue solide. Le drame est là, en toile de fond, mais jamais pleinement incarné. On reste constamment à la surface des choses, spectateurs distants d’un malaise feutré qui aurait pu être glaçant, mais qui reste plat. L’émotion, elle, ne vient jamais vraiment.

Ce qu’il faut retenir

“Nous les menteurs” sur Prime Video avait tous les ingrédients d’un grand drame adolescent : une famille puissante rongée par ses secrets, une héroïne amnésique, des souvenirs fragmentés, un mystère à élucider. Mais à force de vouloir trop en faire visuellement, la série passe à côté de l’essentiel : impliquer émotionnellement le spectateur. La narration éclatée désoriente sans captiver, les personnages restent trop flous pour qu’on s’attache, et les rares moments de tension sont dilués dans une esthétique aseptisée. Dommage, car le matériau de base — le roman d’E. Lockhart — offrait un potentiel bien plus explosif.