Ce mardi à 21h05, France 5 propose une plongée captivante au cœur de l’une des plus grandes crises énergétiques françaises avec le documentaire Très chère électricité. À travers une enquête minutieuse, ce film met en lumière les causes profondes de la défaillance du système électrique français, entre erreurs politiques, crise du nucléaire et impasse européenne. Un rendez-vous essentiel pour comprendre comment la France, autrefois modèle d’indépendance énergétique, s’est retrouvée au bord du black-out.
Une déroute nucléaire française : quand l’excellence tourne au fiasco
Longtemps pilier de la souveraineté énergétique française, le parc nucléaire s’effondre sous le poids des années. Fin 2022, plus de la moitié des réacteurs sont à l’arrêt, certains pour des raisons de maintenance, d’autres pour des défauts structurels inquiétants. L’atome, censé garantir l’indépendance du pays et la stabilité des prix, devient soudain une source d’incertitude. Très chère électricité revient sur les choix industriels qui ont mené à cette impasse : retards à répétition sur le chantier de l’EPR de Flamanville, désorganisation interne d’EDF, perte de compétences critiques, et arbitrages politiques hésitants. Les témoignages d’experts, d’ingénieurs et d’anciens cadres d’EDF mettent en lumière une vérité dérangeante : ce fleuron national est devenu un géant aux pieds d’argile, pris en tenaille entre exigences écologiques, contraintes budgétaires et décisions de court terme.
Un marché européen qui pénalise la France : quand l’électricité se vend comme du pétrole
Alors que les Français découvrent avec stupeur des hausses de factures allant parfois jusqu’à 50 %, le documentaire décrypte les règles opaques du marché européen de l’électricité. Depuis la libéralisation du secteur, les prix ne sont plus fixés en fonction du coût réel de production, mais par un système d’enchères où la dernière centrale appelée – souvent au gaz, donc très chère – fixe le prix pour tous. Résultat : bien que la France produise historiquement une électricité peu carbonée et bon marché, elle achète désormais à prix fort sur un marché spéculatif, en subissant de plein fouet les soubresauts géopolitiques. Le film pointe aussi la responsabilité des institutions européennes, qui ont laissé se creuser les déséquilibres entre États, sans mécanismes de solidarité suffisants. Le marché, censé optimiser les coûts et sécuriser les approvisionnements, devient un piège dont la France ne parvient plus à s’extraire.
Crise énergétique, crise politique : le spectre du déclassement
Au-delà de la technique, Très chère électricité interroge la responsabilité des élites politiques. Comment le pays en est-il arrivé à cette fragilité ? La lenteur dans le développement des énergies renouvelables, l’arrêt prématuré de certains réacteurs, le désengagement de l’État dans la planification énergétique, tout concourt à dresser un constat sévère. Ce documentaire révèle une désorganisation chronique, une absence de vision à long terme et un manque de courage politique. Mais il pose aussi une question cruciale : comment préparer l’avenir dans un contexte d’urgence climatique, tout en garantissant une énergie accessible à tous ? Car c’est bien là que se joue l’équilibre social du pays. Le film n’apporte pas de réponse unique, mais il lance un appel à la lucidité collective.
Très chère électricité est bien plus qu’un état des lieux : c’est un signal d’alarme sur un modèle énergétique à bout de souffle. Il montre comment la France, jadis pionnière, se retrouve dépendante, fragilisée, et piégée dans un système européen mal pensé. À travers des témoignages poignants et des analyses sans concession, le documentaire interpelle citoyens et décideurs sur l’urgence de repenser notre rapport à l’énergie : il y va de notre souveraineté, de notre économie et de notre cohésion sociale.
Documentaire de Olivier Toscer (2025)
Présentation : Mélanie Taravant.
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