Ce soir à 21h05, France 3 dévoile une série documentaire en trois parties exceptionnelle : Le procès de Maurice Papon. À travers des images d’archives restaurées, pour la première fois rendues publiques grâce à la loi Badinter de 1985, cette production bouleversante remonte le fil d’une Histoire que la République aurait préféré taire. Pendant plus d’une décennie, la justice française a poursuivi ceux qui, de l’ombre, ont été les artisans de la machine de collaboration et de persécution sous l’Occupation. Maurice Papon, haut fonctionnaire zélé du régime de Vichy, fut l’un d’eux. Le documentaire revient sur son procès historique pour complicité de crimes contre l’humanité, mené entre 1997 et 1998, en parallèle à ceux de Klaus Barbie et Paul Touvier. C’est une immersion poignante dans l’une des pages les plus sombres de notre mémoire collective, au moment même où les derniers témoins directs disparaissent, laissant derrière eux un devoir de transmission.
Trois visages d’un même crime
Dans ce triptyque documentaire, les réalisateurs ne se contentent pas de raconter un procès : ils le montrent dans sa chair, dans sa complexité, dans sa vérité. Grâce aux captations inédites des audiences, issues des fonds de l’INA et des Archives nationales, le téléspectateur est plongé au cœur de la salle d’audience. Il entend, voit et ressent l’émotion brute des témoins, la tension des échanges entre avocats, juges et accusés, et surtout la confrontation entre les bourreaux et leurs victimes. Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo à Lyon, traqué et arrêté en Bolivie ; Paul Touvier, ancien chef régional de la milice, protégé durant des années par des réseaux catholiques intégristes ; Maurice Papon, ancien secrétaire général de la préfecture de Gironde, devenu ministre du Budget sous Giscard. Trois parcours, trois trajectoires d’impunité interrompues brutalement par le réveil de la justice. Chacun, à son niveau, a incarné une pièce de l’appareil répressif français sous l’Occupation. Et chacun, au crépuscule de sa vie, s’est vu confronté à l’indicible : la parole de ceux qui ont survécu.
Une parole qui fend le silence
Les séquences filmées sont d’une rare intensité. Des hommes et des femmes, rescapés de la Shoah, anciens résistants, enfants de déportés, viennent à la barre pour raconter l’enfer, souvent pour la première fois. Leur voix, brisée par l’émotion, transperce l’écran. Leur regard, empreint de dignité, nous renvoie à nos propres silences. À travers leurs récits, c’est toute une époque qui ressurgit. On y retrouve les rafles de Bordeaux, les départs en wagons, les cellules de torture, les files d’attente dans les camps de Drancy ou d’Auschwitz. Le documentaire ne cède jamais au pathos. Il laisse les images parler, les mots surgir, les émotions affleurer. Il montre aussi le cynisme, le déni, parfois l’arrogance des accusés. Maurice Papon, en particulier, défendra jusqu’au bout l’idée d’avoir agi dans le respect de la légalité, en serviteur de l’État. Cette posture glaçante, mêlée à une froideur technocratique, rend le contraste avec la souffrance des survivants d’autant plus violent. Le travail de restauration effectué par l’INA donne à ces archives une puissance visuelle inédite, révélant chaque froncement de sourcil, chaque larme, chaque silence. C’est une matière humaine à l’état brut, confrontée à la solennité de la justice.
Un devoir de mémoire en héritage
En diffusant ces trois volets, France 3 ne propose pas un simple retour historique : elle interroge notre rapport au passé, au droit, à la mémoire collective. Ce documentaire, coproduit par l’INA, est un choc. Il nous rappelle que l’imprescriptible n’est pas un concept abstrait, mais une exigence de civilisation. Alors que les idéologies extrêmes refont surface dans le débat public, que les voix négationnistes ou relativistes trouvent encore des échos, cette plongée dans les procès Barbie, Touvier et Papon agit comme une mise en garde. Elle redonne à la parole des victimes sa légitimité et sa force, sans jamais la travestir. Elle rend aussi hommage à ceux qui ont poursuivi ces criminels avec obstination, au mépris du temps qui passe et des pressions. À travers ces archives remises en lumière, c’est un pan de l’Histoire de France qui reprend la parole. Le silence n’aura pas le dernier mot.
Série documentaire de Gabriel Le Bomin (2025).
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