Ce soir à 21h10, France 2 lance un véritable électrochoc sociétal en prime time avec une soirée spéciale intitulée Sommes-nous tous racistes ?, présentée par Marie Drucker et Jamy Gourmaud. Ce magazine inédit, pierre angulaire d’une soirée événement proposée par France Télévisions dans le cadre de son engagement contre le racisme et toutes les formes de discrimination, s’attaque à un sujet aussi brûlant que fondamental. Pendant plus de deux heures, les téléspectateurs sont conviés à une exploration des mécanismes inconscients qui gouvernent nos stéréotypes, à travers une série d’expériences menées auprès de 50 volontaires filmés à leur insu quant à l’objet réel du programme. Une démarche ambitieuse, portée par une volonté pédagogique et citoyenne rare à la télévision. À l’heure des crispations identitaires et des débats clivants, Sommes-nous tous racistes ? s’annonce comme une tentative aussi inédite qu’essentielle de nous faire réfléchir ensemble.

Des expériences sociales choc pour révéler l’invisible

Que feriez-vous dans une salle d’attente avec seulement quatre chaises, dont deux occupées par des hommes habillés de la même façon, l’un blanc, l’autre noir ? Cette situation anodine devient le point de départ d’une expérience menée dans Sommes-nous tous racistes ?, testant les réflexes inconscients de chacun face à la couleur de peau. Adaptées de protocoles scientifiques reconnus, ces mises en situation révèlent à quel point nos comportements peuvent être dictés par des biais profondément enracinés. Tout au long de l’émission, le psychosociologue Sylvain Delouvée décrypte les réactions des participants avec le regard complice du comédien et réalisateur Lucien Jean-Baptiste. L’objectif n’est ni de culpabiliser ni de pointer du doigt, mais de mettre en lumière les zones grises de notre cerveau, là où naissent les jugements hâtifs et les micro-agressions souvent invisibles aux yeux de ceux qui les commettent. Une approche à la fois scientifique et accessible, rendue possible par le duo Drucker-Gourmaud, qui maîtrise l’art de vulgariser des concepts complexes sans les affadir.

Une révélation progressive pour une prise de conscience

La particularité du dispositif repose sur le fait que les 50 participants ne savent pas ce qu’ils testent réellement. Leur spontanéité devient alors un miroir troublant de nos propres réflexes inconscients. Les situations sont variées, les profils des testeurs aussi, et les résultats, sans jamais tomber dans le spectaculaire, n’en demeurent pas moins déstabilisants. Car à travers eux, c’est le spectateur qui est invité à se questionner : suis-je moi aussi sujet à ces biais que je condamne pourtant ? L’émission cultive avec habileté cette tension entre le constat scientifique et la révélation intime, entre l’expérience de laboratoire et la réalité sociale. Elle invite à une forme d’humilité collective, en montrant que personne n’est totalement imperméable aux préjugés, mais que la connaissance de ces mécanismes peut être le premier pas vers un changement durable.

Un prolongement documentaire pour élargir la réflexion

Dès 22h55, la soirée se prolonge avec Noirs en France, documentaire salué pour sa richesse de témoignages et sa profondeur émotionnelle. Raconté par l’écrivain Alain Mabanckou, ce film réunit les récits de Français noirs de toutes générations, de toutes professions, de toutes régions. Leur point commun : avoir été, un jour ou tous les jours, confrontés au racisme. Leurs paroles, souvent absentes du débat public, trouvent ici un écho national, dans un récit qui refuse la victimisation mais embrasse la complexité des vécus. Ce documentaire, déjà diffusé mais toujours aussi percutant, permet de tisser des ponts entre les expériences individuelles et le racisme structurel, entre l’histoire intime et le récit collectif. C’est une mémoire en construction que le film met en lumière, à contre-courant des simplifications et des assignations.

Un dernier volet consacré au racisme anti-asiatique, encore trop peu exploré

Enfin, à 00h40, France 2 rediffuse Je ne suis pas chinetoque. Histoire du racisme anti-asiatique, un documentaire signé Émilie Tran Nguyen, à la fois journaliste et témoin. À travers son parcours personnel et ceux d’autres Français d’origine asiatique, ce film met en évidence des discriminations souvent tues, ou minimisées. Des insultes à l’école, aux clichés omniprésents dans les médias et les imaginaires collectifs, le racisme anti-asiatique prend racine dans l’indifférence générale. Avec pudeur et précision, le documentaire déconstruit les stéréotypes hérités de l’histoire coloniale et nourris par une perception fantasmée de « l’Asiatique modèle ». En les nommant et en les analysant, le film redonne une visibilité à celles et ceux que l’on réduit trop souvent à une identité unique, niée dans sa diversité. Un regard nécessaire, et encore trop rare dans l’audiovisuel français.