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À partir du 26 mai, CANAL+ dégaine Plaine orientale (Image et Compagnie, groupe Mediawan), une fresque mafieuse tendue comme un câble, qui nous entraîne dans les zones d’ombre du nord de la Corse (Bastia), entre vendettas, trafics, luttes de pouvoir et famille fracassée. Au cœur de l’intrigue, Reda, un ex-détenu en quête de rédemption, et Ines, une jeune juge ambitieuse, liés par le sang et séparés par la loi. Ensemble, ils vont défier un système corrompu jusqu’à l’os, dirigé par un parrain aussi insaisissable que redouté. Plus de dix ans après la dernière saison de Mafiosa, la chaîne cryptée relance l’univers du polar corse dans une nouvelle ère. La série est-elle à la hauteur de ses ambitions sulfureuses ?

Une Corse brûlante et contemporaine

Avec Plaine orientale, Pierre Leccia (déjà à la manœuvre des saisons 4 et 5 de Mafiosa) s’empare d’un territoire réel et symbolique : celui de la plaine orientale corse, aux confins de Bastia, un no man’s land à la fois touristique, agricole et mafieux. Ce décor, rarement exploré à l’écran, devient ici un personnage à part entière, traversé par les tensions entre communautés, les rivalités familiales et les nouvelles formes de criminalité. Reda, métis de père corse et de mère maghrébine, y incarne la fracture identitaire d’une île tiraillée entre tradition et modernité. Dix ans après sa sortie de prison, le héros tente de reprendre pied dans un monde qui n’est plus le sien. Mais rien n’est simple sous le soleil de Bastia…

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Frère et sœur dans la tourmente

L’arrivée d’Ines, demi-sœur parisienne et magistrate du nouveau pôle antimafia de Bastia, bouleverse le fragile équilibre de Reda. L’un sort de l’ombre, l’autre vient incarner la lumière de la justice. Leur rencontre fait jaillir une tension rare dans le paysage sériel français. Lina El Arabi, impeccable de détermination glacée, compose une Ines à la fois idéaliste et rusée, prête à tout pour faire tomber Carlotti, le parrain de la Plaine. Leur pacte, fondé sur la méfiance et le besoin, devient le moteur dramatique de la série. En mêlant polar judiciaire et chronique sociale, Plaine orientale bouscule les genres avec une audace certaine.

Une mafia en mutation

Ici, pas de folklore corse ni de clichés de carte postale. Le crime organisé version 2025 est structuré, infiltré dans les circuits économiques (notamment la gestion des déchets) et capable de se réinventer en permanence. César Carlotti (formidable Éric Fraticelli, glacial et stratège) règne dans l’ombre, tandis que Jean-Do Guerrieri, son bras droit brutal, dirige le business au grand jour. Les conflits entre générations de mafieux, entre Corses « historiques » et immigrés, viennent nourrir une trame politique souterraine qui évoque autant Gomorra (CANAL+, 2014-2020) que les meilleurs épisodes d’Engrenages (CANAL+, 2005-2020). La série explore intelligemment la reconversion des vieux voyous corses face à une jeunesse qui ne veut plus jouer les sous-fifres.

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Un casting parfaitement ajusté

C’est un autre point fort de Plaine orientale : une distribution sans fausse note, portée par Raphaël Acloque, à la fois rugueux et vulnérable dans le rôle de Reda. À ses côtés, Antonia Desplat campe une femme ambivalente, coincée entre son mari mafieux et son ex-amant fraîchement libéré. Veerle Baetens apporte sa puissance froide au rôle de la juge Maertens, tandis qu’Aurélien Gabrielli, dans un rôle plus léger de flic rêveur, insuffle un brin d’humanité dans ce monde corrompu. Chaque personnage existe, porté par une écriture solide et sans effets superflus.

Une réalisation tendue et stylisée

La mise en scène de Pierre Leccia se distingue par sa précision et son refus de la surenchère. Le rythme est lent mais maîtrisé, à la manière d’un thriller psychologique plus que d’un pur polar d’action. Les scènes dans la cité de Lupino, où Reda replonge malgré lui, capturent une réalité rarement montrée dans les fictions françaises. Le traitement des ordures comme nerf de la guerre mafieuse est aussi original que terriblement crédible.

Un sous-texte social puissant

Sous l’intrigue policière se dessine un regard sans concession sur la Corse d’aujourd’hui. Le racisme, la précarité, les tensions entre classes sociales et origines culturelles irriguent le récit. Le choix du personnage de Reda, ni complètement corse, ni complètement arabe, en fait un point d’ancrage idéal pour aborder la complexité des identités en Méditerranée. La série assume aussi une réflexion sur la place des femmes dans les sphères de pouvoir, en opposant deux figures féminines fortes, aux méthodes très différentes mais tout aussi redoutables. Comme le dit le producteur Pierre Leccia : « Cette histoire de deux personnages mal considérés, l’un en raison de sa double origine, l’autre de son extrême jeunesse, renouvelle le concept. »

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Série policière de Pierre Leccia (2023)

Avec : Raphaël Acloque, Lina El Arabi, Veerle Baetens, Cédric Appietto, Antonia Desplat, Aurélien Gabrielli, Henri-Noel Tabary…

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Lundi 26 mai

21H

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