Ce mercredi à 22h35, France 3 diffuse un nouveau numéro inédit de Chroniques d’en haut – Grand format, une production emblématique du label ici Auvergne-Rhône-Alpes, portée par le journaliste Laurent Guillaume. Pour ce troisième épisode intitulé Le souffle de l’eau, l’émission quitte les sommets alpins pour explorer les reliefs corses. Objectif : comprendre les liens profonds et parfois méconnus entre la montagne et l’eau. Pour cela, Laurent Guillaume s’entoure d’un invité hors norme : Guillaume Néry, multiple champion du monde d’apnée et fervent défenseur du monde aquatique. Ensemble, ils plongent – au sens propre comme au figuré – dans l’univers fascinant de l’eau qui façonne, érode, nourrit et parfois menace.

Guillaume Néry : le souffle intérieur d’un homme-poisson

À seulement 14 ans, Guillaume Néry découvre l’apnée et amorce un parcours de légende dans la discipline du poids constant. À 20 ans, il devient le plus jeune recordman mondial de l’histoire en atteignant -87 mètres, un record pulvérisé depuis avec une plongée à -126 mètres. Mais ce n’est plus la performance qui le guide aujourd’hui : Guillaume met désormais son souffle au service de la beauté, à travers films et photographies qui célèbrent les merveilles du monde sous-marin. On lui doit notamment une apparition saisissante dans le clip Runnin’ de Beyoncé. Aux côtés de Laurent Guillaume, il partage dans cet épisode une vision apaisée mais lucide de l’eau : comme les sommets alpins, les profondeurs exigent humilité, adaptation et respect des rythmes naturels du corps. La Corse devient alors le théâtre d’un dialogue entre altitude et immersion.

Érosion et émerveillement : l’eau artiste du relief

Le périple corse les mène sur le sentier des muletiers, où l’on découvre les “taffoni” – ces cavités étonnantes creusées dans le granit par le seul effet du ruissellement. L’eau, ici, est sculptrice patiente, mais redoutablement efficace. En parallèle, dans le massif du Jura, une halte dans la grotte du Lançot permet d’en saisir la force souterraine. Christophe, spéléologue passionné, montre comment l’eau creuse, modèle et transforme, créant des galeries aussi imprévisibles qu’époustouflantes. À la surface ou en profondeur, l’eau est partout, libre et insaisissable, laissant derrière elle des œuvres dignes d’un musée géologique.

Un monde fragile que l’on ne peut plus ignorer

Dans la vallée d’Asco, Frédéric Huneau, hydrogéologue, révèle un paradoxe méconnu : la Corse est l’île méditerranéenne la plus arrosée, grâce à ses montagnes qui captent l’humidité des nuages. Pourtant, cette abondance masque une réalité inquiétante : l’eau, parfois vieille de plus de 10 000 ans, est aussi une ressource en péril. À travers l’exemple de la pêcheuse à la mouche Claire Barret, en Valserine (Haut-Jura), ou l’analyse des micro-organismes du Golo, on comprend que l’eau est un témoin silencieux des bouleversements climatiques. Certaines espèces fuient les vallées trop chaudes pour migrer vers des altitudes plus fraîches : un signal d’alerte invisible mais alarmant.

Des glaciers qui fondent, des pozzines qui s’assèchent

La dernière partie du documentaire prend un tournant plus grave. Direction les Pyrénées-Orientales, où le mont Canigou a presque perdu son glacier, jadis réserve naturelle d’eau. La neige disparaît, les nappes s’épuisent. En Haute-Corse, la pozzine de Catamalzi – une tourbière née d’un ancien lac glaciaire – est en train de s’assécher irrémédiablement. Le souffle de l’eau montre alors que ce qui semblait inépuisable est désormais menacé. L’épisode, tout en douceur et en poésie, devient ainsi une puissante mise en garde : il est urgent de repenser notre rapport à l’eau, non comme une ressource infinie, mais comme un équilibre fragile à préserver.