Ce jeudi à 23h, la chaîne ici Bretagne dévoile en exclusivité Petits Graviers de Saint-Pierre, un documentaire poignant signé Laurent Giraudineau. Entre mémoire familiale et drame collectif, il lève le voile sur une page sombre et oubliée de l’histoire maritime française : l’exploitation de milliers de jeunes garçons bretons, normands et basques envoyés à Saint-Pierre-et-Miquelon pour travailler dans des conditions inhumaines sur les “graves” de l’Île aux Marins.
Une mémoire occultée : l’exploitation des enfants dans la Grande Pêche
Entre 1820 et 1920, près de 50 000 enfants, souvent à peine adolescents, ont quitté leurs villages miséreux de Bretagne, de Normandie ou du Pays basque pour embarquer à destination de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon. Leur destination : les “graves”, ces champs de galets battus par les vents où l’on faisait sécher la morue. Ils y passaient des journées de seize heures, les mains gelées et les pieds nus dans l’eau salée, à manipuler le poisson dans des conditions sanitaires déplorables. Petits Graviers de Saint-Pierre revient sur cette forme de servage oublié que la France maritime a longtemps préféré passer sous silence. Le documentaire pose une question essentielle : comment une telle exploitation a-t-elle pu prospérer pendant un siècle sans jamais figurer dans les livres d’histoire ?
Une enquête personnelle devenue devoir de mémoire
Au cœur du film, la figure d’Alexis Gloaguen, écrivain breton et petit-fils d’un “petit gravier”, donne toute sa force émotionnelle à ce récit. Son enquête commence en Bretagne, où il collecte des témoignages, feuillette des archives jaunies, écoute de vieilles chansons de marins et confronte les silences de sa propre famille. Sa démarche est autant un travail d’historien qu’un cheminement intime. En révélant le passé douloureux de son grand-père, il exhume aussi celui de toute une génération sacrifiée. Cette quête, filmée avec sobriété et pudeur, fait du documentaire un geste fort de transmission intergénérationnelle, un lien tendu entre les oubliés d’hier et les vivants d’aujourd’hui.
Des images rares pour une réalité trop longtemps tue
Laurent Giraudineau compose ici un film rigoureux et profondément humain, nourri d’images rares et de paroles bouleversantes. Les visages marqués des derniers survivants, les photographies sépia d’enfants trop jeunes pour travailler, les lettres désespérées de familles restées au pays : tout concourt à dessiner une fresque historique douloureuse. Sans jamais tomber dans le pathos, Petits Graviers de Saint-Pierre donne à voir un système d’exploitation organisé, documenté, mais effacé des récits officiels. Le film s’attarde aussi sur le rôle économique de ces jeunes garçons dans la prospérité de la pêche morutière, soulevant une question morale fondamentale : peut-on bâtir une richesse nationale sur le dos d’enfants contraints à l’exil et à la souffrance ?
De l’autre côté de l’Atlantique, la mémoire vivante d’une île
Dans la dernière partie du documentaire, Alexis Gloaguen rejoint son fils à Saint-Pierre. Guide naturaliste sur l’archipel, ce dernier incarne la nouvelle génération consciente de l’importance de préserver la mémoire. Ensemble, père et fils remontent les traces des petits graviers sur l’Île aux Marins, aujourd’hui désertée. Les vestiges des graves, les maisons de bois battues par les vents, les cimetières marins silencieux : chaque lieu devient une balise dans le récit, un témoin de ce que fut l’enfance brisée de milliers d’exilés. Cette dimension transatlantique donne au film une portée universelle. Il ne s’agit plus seulement de raconter une injustice oubliée, mais de poser les jalons d’un devoir de mémoire indispensable.
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