Ce soir à 21h sur Public Sénat, le documentaire « Ukraine, la culture en guerre » dévoile un front souvent ignoré du grand public : celui de l’effacement culturel. Tandis que les bombes pleuvaient sur l’Ukraine dès les premières heures de l’invasion russe, un musée d’histoire et d’art à Ivankiv, à seulement trois jours du début du conflit, était déjà ciblé. Ce n’était pas une coïncidence. Cette attaque marque le début d’une offensive systématique contre les symboles de l’identité ukrainienne, révélant une volonté d’annihilation culturelle à grande échelle. Ce film exceptionnel propose une immersion rare au cœur de ce combat invisible, celui mené par des citoyens, des artistes, des archivistes, des historiens, qui refusent de voir leur patrimoine sombrer dans l’oubli ou les flammes.
Sauver l’âme d’un pays : les résistances ordinaires et extraordinaires
L’un des grands mérites de ce documentaire réside dans son approche humaine. Le réalisateur ne se contente pas d’énumérer des faits ou de commenter l’actualité, il suit les trajectoires bouleversantes de ceux qui, au péril de leur vie, s’activent pour sauvegarder la mémoire collective. À travers des images fortes et des témoignages bouleversants, on découvre des employés de musées qui, dans l’urgence, emballent des tableaux sous les bombardements, des habitants qui cachent des objets historiques dans des caves, ou encore des artistes qui poursuivent leur œuvre comme un acte de résistance. Il y a dans chaque geste, chaque initiative, une profonde affirmation d’existence. Le documentaire montre que la culture n’est pas un luxe en temps de guerre : elle est un rempart, un fil qui relie les vivants à leur histoire et à leur dignité.
Quand l’Histoire elle-même devient un terrain miné
« Ukraine, la culture en guerre » aborde également une autre dimension, moins visible mais tout aussi cruciale : la guerre des récits. Face à la propagande russe et à une entreprise de négationnisme historique bien huilée, les Ukrainiens réagissent avec force. Le film nous emmène sur les lieux où des statues soviétiques sont démontées, où des noms de rues sont modifiés, où l’on réécrit les manuels scolaires à la lumière d’une histoire libérée des mensonges de l’ère soviétique. Il s’agit ici de se réapproprier son passé pour mieux construire son avenir. Le documentaire révèle ainsi que le conflit ne se joue pas seulement sur les lignes de front ou dans les tranchées, mais aussi dans les bibliothèques, les musées, les écoles et les esprits. La lutte pour la vérité historique devient une arme de résistance, un pilier de la souveraineté nationale.
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Documentaire de Thomas Raguet (2025).
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